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L'article ci-après m'a été transmis par
Gilles Terroux, journaliste sportif et membre du club de golf
Candiac. On retrouve ses articles dans toutes les grandes publications du
domaine golfique. « Les doléances d'une balle de golf » ont été
publiées dans la revue Score Golf,
Volume 5, Numéro 1, Mai 2001. Le Golfeur remercie Gilles Terroux pour sa précieuse collaboration et
les efforts qu'il consacre à promouvoir le golf.
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Les doléances d'une balle de golf,Gilles Terroux |
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Pas toujours drôle la vie d’une balle de golf.
Il m’arrive même de me demander ce que je fais là, dans le fond d’un
sac de golf. J’ignore si vous vous êtes déjà arrêté à penser au sort
qui m’est réservé, jour après jour.

Quand on décide de me sortir de mon repère et me faire prendre
l’air, c’est le début d’une longue journée de travail. Et pas du
travail de tout repos.

Pendant près de cinq heures, on me frappe dessus à tour de bras.
Parfois à coups de massue dix fois plus grosse que moi. Comme s’il
fallait absolument que l’on me projette 250 verges plus loin. À
peine remise du coup que l’on vient de m’asséner, je sais qu’il y en
aura un second, puis un troisième, mais je ne sais jamais avec
quelle force je serai de nouveau rudoyée. Les coups de fers longs
sont aussi douloureux que les coups de bois (au fait, ce matériau
existe-t-il encore de nos jours ?). Les coups de fers courts sont
moins violents mais m’apparaissent plus vicieux: on dirait que l’on
cherche à m’arracher la peau en voulant m’appliquer un effet
mordant.
Pendant près de cinq heures, on me crie toutes sortes de directives.
Du genre: « Vas-y, traverse le lac » ou « Vas-y, roule, roule, ok,
arrête, arrête. » J’ai souvent l’impression que celui qui se sert de
moi ne sait pas trop ce qu’il veut...

Quand ce ne sont pas les directives qui m’agacent, ce sont les
directions que l’on me fait prendre qui m’inquiètent. Je ne sais
jamais où je vais me retrouver: en plein centre de l’allée, dans une
fosse de sable, au fond du boisé ou tout bêtement à l’eau ? Si le
sort veut que j’aboutisse dans le bois ou à l’eau, il ne me reste
plus qu’à souhaiter qu’un bon samaritain me retrouve, me paie un bon
nettoyage (je préfèrerais qu’on me lave à la serviette plutôt que
dans ces lave-balles aux brosses agressives) et me donne une seconde
chance.

Je sais que j’existe pour me faire taper dessus à longueur de
journée, mais pourquoi diable, lorsque vient le temps de me caresser
gentiment sur le vert, certains me remettent dans leur poche de
pantalon et terminent le trou avec une autre ? J’ai toujours pensé
que le golfeur devait terminer le trou avec la même balle. Faudrait
peut-être que certains golfeurs du week-end apprennent les règles du
golf, non ?
Les golfeurs sont de drôles d’individus. Ou bien ils t’aiment et ne
jurent que par toi; ou bien, ils te font vite savoir que tu comptes
très peu à leurs yeux. C’est le cas, notamment, de celui qui
t’embrasse tendrement après avoir calé un long roulé, puis qui te
délaisse pour une autre qui porte un autre nom si tu ne lui donnes
pas satisfaction dès le coup suivant.

Je m’en voudrais de ne pas glisser un mot au sujet de ceux qui
passent leur journée à me crier après, à blasphémer pour tout ou
pour rien, à critiquer l’état du terrain, à s’engueuler avec leurs
partenaires de jeu, à ralentir l’allure du jeu, etc. Moi qui pensais
qu’ils venaient jouer avec moi dans le but de se détendre et
d’oublier les soucis du quotidien...

Bien que je souhaiterais, moi aussi, connaître une longue carrière,
il m’arrive, comme à mon ami le golfeur, de rêver à un trou d’un
coup. Je me verrais, bien en vue, installée sur un trophée ou une
plaque-souvenir. Il me semble que ce serait là une heureuse fin de
carrière !Bon golf |
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